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A.Lamarque : 24/05/2023
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Reshad de Gerus : De la monoplace à l’endurance [1/2]
En 2022, après quatre saisons de monoplace, Reshad De Gerus se tourne vers l’endurance. Le pilote réunionnais aura connu deux années prometteuses en Formule 4 FFSA (Formule 4 Française) mais le succès ne sera pas prolongé dans les catégories supérieures. Finalement, son aventure en monoplace s’arrête en F3 FIA. Il ne dispute qu’une demi-saison et il quitte l’univers de la monoplace.
Échange sur une première partie de carrière formatrice.
Antoine Lamarque : Quel bilan tires-tu de tes années de monoplace ?
Reshad de Gerus : Pour revenir sur mon parcours, j’ai commencé en Formule 4 en 2018. J’ai fait deux années dans cette catégorie. Ça a été très formateur parce que j'étais avec la FFSA Academy donc tout le monde à la même voiture (la F4 FFSA ou F4 France est gérée par la FFSA Academy. Tous les pilotes disposent de la même voiture. Les mécaniciens et les ingénieurs sont mis à disposition par le championnat, ndlr.). J’ai pu apprendre les bases du pilotage d’une voiture parce que, passer du karting à la monoplace, c'est une très grosse étape. J’ai ensuite roulé en Formule Renault qui sont des voitures avec plus d’aérodynamismes* et plus de puissance que les F4. J’ai pu travailler un peu plus la notion d’appuis aérodynamiques**, un peu plus la gestion de puissance et donc passer une nouvelle étape d’apprentissage.
Je passe enfin en F3 FIA où j’ai fait une moitié de saison puis deux courses en EuroFormula. J’ai pu acquérir de l’expérience sur comment travailler au sein d’une équipe. En effet, la FFSA n’est qu’une seule et même équipe. Tout le monde travaille ensemble. Là, en F3 FIA, on doit vraiment travailler avec sa propre équipe, son propre ingénieur et ses coéquipiers pour essayer d’améliorer la voiture. Ça ne se passe pas forcément comme on peut l’imaginer. Tout n’est pas tout beau, tout rose. C’est un monde assez difficile.
Le gros enseignement de la monoplace est que ça coûte excessivement cher et c’est très compliqué d’être dans les meilleures conditions pour évoluer si on n’a pas le budget pour être dans la bonne équipe.
AL : Au final, tu en ressors avec un sentiment positif ou un sentiment négatif de ces années ?
RDG : Un bilan plutôt positif. En effet, au fur et à mesure des années, j’ai évolué avec des voitures avec de plus en plus d’aéro. C’est très intéressant pour apprendre et s’améliorer en tant que pilote. Aussi, sur le côté travail avec ses ingénieurs, les voitures sont plus développées donc on a plus de réglages à faire. C’est donc très formateur.
AL : Comment arrive la transition vers l’endurance ?
RDG : Si je voulais devenir pilote professionnel, avec les moyens que j’avais, je me suis rendu compte qu’il fallait que je trouve autre chose que la monoplace puisque je ne pouvais pas continuer dans cette voie. J’ai quand même voulu prendre le maximum d’expérience en monoplace car je savais que c’était formateur. Il fallait que j'apprenne à rouler avec des voitures avec beaucoup d’appuis aéro pour la suite de ma carrière. Fin 2021, j’ai décidé de m’orienter vers l'endurance.
J’ai essayé une LMP3 et une LMP2. C’est comme ça que je suis allé directement en ELMS l’année dernière, en 2022, avec Duqueine (équipe de sport automobile et constructeur de véhicules prototypes, ndlr.). J’ai tout de suite adhéré à la voiture et je me suis adapté assez rapidement. Même si la LMP2 est encore plus développée que la F3 niveau aéro, le fait de savoir quel est le style de pilotage, ça m’a beaucoup aidé.
LEXIQUE :
* Aérodynamisme (abrégé : aéro) : branche de la dynamique des fluides qui étudie les écoulements d'air, et leurs effets sur des éléments solides. Cela s’applique donc à de nombreux sujets comme le déplacement des véhicules ou les installations subissant les effets du vent par exemple.
** Appui aérodynamique : ensemble des forces liées à l’air s'appliquant à une voiture et permettant de la coller à la route. La voiture tient ainsi mieux la route dans les virages et reste stable au freinage. Plus la voiture dispose d’appuis, plus elle sera lente en ligne droite mais plus elle adhérera en virage.
En sport automobile, plus on se rapproche des catégories reines en monoplace et en prototype (Formule 1 et Hypercar), plus les voitures disposent d’appuis aérodynamiques. La compréhension et la maîtrise de cette notion sont obligatoires pour un pilote.